Santé Mentale et Physique : L’Enjeu Caché de la Performance Brassicole

L’industrie de la bière a connu une croissance exponentielle ces quinze dernières années. De nombreuses brasseries sont nées de la passion, souvent portées par des autodidactes talentueux. Cependant, cette croissance rapide s’est parfois faite au détriment de la structuration des ressources humaines et de la sécurité.

Aujourd’hui, pour qu’une brasserie artisanale (ou un brewpub) soit pérenne, il ne suffit plus de faire un excellent produit. Il faut construire un outil de travail durable. Chez Snowball Effect, nous observons que la santé des équipes — physique comme mentale — est devenue un indicateur clé de la viabilité d’une entreprise.

Voici un état des lieux des risques majeurs et des leviers pour professionnaliser votre structure.

La pénibilité physique : un coût invisible pour la brasserie

Le métier de brasseur est intrinsèquement physique. Pourtant, dans les petites structures (TPE/PME), l’ergonomie est souvent le parent pauvre de l’investissement, reléguée derrière l’achat de fermenteurs ou de lignes d’embouteillage.

Les risques majeurs :

  • TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) : Port de charges lourdes (sacs de malt, fûts), postures inadéquates et gestes répétitifs.
  • Sécurité des installations : Sols glissants (chutes), risques chimiques (produits de nettoyage), brûlures thermiques et travail en espaces confinés.

L’approche stratégique : Se mettre aux normes (DUERP, EPI, aménagements) n’est pas qu’une contrainte légale. C’est un calcul économique. Un arrêt de travail désorganise la production, et un accident grave peut mettre en péril la responsabilité pénale du dirigeant. Investir dans des aides à la manutention ou des sols adaptés, c’est investir dans la continuité de votre production.

Santé mentale : sortir du piège de la “passion”

Le secteur brassicole souffre parfois du “piège de la passion” : accepter des conditions de travail difficiles, des horaires à rallonge et une pression constante sous prétexte que l’on fait un “métier de rêve”.

Les signaux d’alerte :

  • Le Burn-out : Il touche aussi bien les dirigeants (solitude, trésorerie, surcharge) que les employés (sous-effectif, management défaillant).
  • L’Anxiété et la Dépression : Renforcées par un rythme intense et une frontière floue entre vie pro et vie perso, particulièrement dans les taprooms et bars.

Une entreprise saine doit savoir préserver son capital humain. Le turnover élevé dans le milieu CHR/Brasserie post-COVID est la conséquence directe d’un manque de considération de ces enjeux. Fidéliser ses talents passe par un équilibre de vie respecté.

Environnement de travail : Culture et Inclusivité

Les mouvements de libération de la parole (notamment aux USA avec l’initiative de Brienne Allan) ont mis en lumière des dérives systémiques dans notre industrie : sexisme, harcèlement, discrimination et “bullying” (brimades).

Un environnement toxique, toléré par une direction passive ou inexpérimentée en management, est un frein à la croissance.

  • Risque juridique : Le harcèlement moral ou sexuel expose l’entreprise à de lourdes sanctions.
  • Marque employeur : Les talents d’aujourd’hui fuient les cultures d’entreprise toxiques.

Créer un environnement inclusif et sûr est indispensable pour attirer des profils compétents et diversifiés qui feront grandir votre marque.

L’Alcool : gérer le risque au cœur du métier

C’est le paradoxe de notre industrie : nous produisons et vendons de l’alcool, un produit festif qui est aussi une substance addictive. La frontière entre convivialité et dépendance est parfois tenue lors des festivals, des soirées de lancement ou même au quotidien.

Il est de la responsabilité du dirigeant de ne pas encourager une culture de la consommation excessive en interne. La prévention des addictions est un devoir de protection envers ses salariés.

Conclusion : Vers une professionnalisation globale

La “révolution craft” ne doit pas seulement concerner le houblon, elle doit aussi concerner le management.

Pour passer du stade de “passionnés” à celui d’acteurs économiques solides, les brasseries doivent intégrer la Qualité de Vie au Travail (QVT) dans leur business plan. Se former au management, auditer ses risques, investir dans la sécurité et instaurer une culture bienveillante sont les étapes nécessaires pour franchir un cap.

Une brasserie qui réussit est une brasserie où les équipes durent.


Besoin d’accompagnement pour structurer votre développement ou auditer votre organisation ? Snowball Effect est là pour vous aider à consolider les bases de votre croissance.

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